Dans les secrets de la tourbière des Saisies Beaufortain Val d’Arly
Classée Réserve Naturelle Régionale, la tourbière des Saisies Beaufortain Val d'Arly est un concentré de biodiversité. Bonne nouvelle : c'est aussi un espace accessible au public. En visite libre ou guidée par les gardes-animateurs, vous prendrez le temps d'observer ce milieu vivant, où espèces végétales rares côtoient une faune abondante.
La plus grande tourbière acide de l’arc alpin s’étend sur 600 hectares, dont la moitié est classée Réserve Naturelle Régionale depuis 2013. Cet espace financé par la Région Auvergne Rhône-Alpes est cogéré sur le terrain par l’ONF et le SIVOM des Saisies. Un réseau de cheminement sur passerelles bois permet de l’observer au plus près, sans dégrader l’environnement. Pascal Philip est garde-animateur de la Réserve depuis un peu plus d’un an, mais semble déjà tout connaître de son nouveau « bureau ». Nous l’avons suivi sur le sentier des Arpelières, sans nous douter de la richesse de cette balade.
Un milieu où s’épanouissent les espèces rares et protégées
On croise ici deux milieux distincts : la forêt, dominée par les sapins et épicéas typiques de l’environnement montagnard. Et le milieu tourbeux, acide, créé par la dégradation de la sphaigne, cette mousse reine de la tourbière. « Le sol acide, réputé pauvre, de la tourbière est pourtant un facteur de biodiversité. Les espèces qui s’y installent sont adaptées à ce milieu contraignant et sont donc plus rares » assure Pascal.
Forêt et tourbe composent l’essentiel de la Réserve Naturelle
Les espèces rares et protégées sont présentes ici en grand nombre. Côté flore, on peut observer la trientale d’Europe, une fleur délicate présente sur deux sites en France, l’andromède, ou la drosera, plante carnivore qui piège les insectes aventureux sur ces poils collants. La canneberge, très courante en Amérique du Nord mais protégée en France, s’est aussi installée dans la tourbière. Côté faune, les insectes font colonies : des papillons rares (solitaire, nacré et azuré de la canneberge), un cortège de libellules. Les oiseaux ne sont pas en reste : différentes familles de pics (pic épeiche, pic noir, pic tridactyle), des petites chouettes de montagne, le bec croisé des sapins… Sans oublier le tétras lyre, petit coq sauvage amateur de neige dont les zones d’hivernage sont protégées.
Sphaignes, Renoncule à feuille d’Aconit et Potentille des Marais sont facilement observables au long des sentiers pédagogiques aménagés
Découvrir les secrets de la tourbière
Si le paysage subjugue, il faut exercer son regard pour apercevoir les signes de cette vie foisonnante. Heureusement, Pascal est là pour guider notre regard. Un trou dans le tronc d’un arbre ? Sans doute le refuge de l’oreillard montagnard, une chauve-souris dont les oreilles font irrésistiblement penser à Yoda, le maître Jedi. Une marre ? Le terrain de jeu de grenouilles rousses et de cordulies arctiques. Une pomme de pin aux écailles soigneusement découpées ? Le déjeuner d’un bec croisé des sapins. Le moindre indice est prétexte à d’étonnantes découvertes sur le vivant.
Les deux sentiers pédagogiques tracés dans la tourbière permettent de réaliser une visite libre. Mais les nombreuses animations proposées par les gardes-animateurs ont de quoi séduire un large public, enfants compris : visite guidée sur les sentiers pédagogiques, mais aussi atelier enfants fleurs et insectes de nos montagnes, visite dédiée à la photo (la tourbière à travers votre objectif), et même des visites au crépuscule pour se repaître de nature aux dernières lueurs du jour ou voir batifoler les papillons. Pour ces animations, il est nécessaire de s’inscrire dans les offices de tourisme des Saisies, de Crest-Voland/Cohennoz ou de Notre-Dame de Bellecombe.
Visite guidée avec le garde-animateur de la Réserve naturelle
Et pour terminer cette belle journée, ne manquez pas la Maison des tourbières, située au col des Saisies. Grâce à son exposition estivale et ses activités ludiques pour les enfants, les tourbières n’auront plus aucun secret pour vous !