François d’Haene
Courir 3 ultra trails la même année, remporter le titre de Champion du Monde d’Ultra, collectionner les UTMB et les Diagonale des Fous comme on enfile des perles, s’engager dans la Pierra Menta (course de ski alpinisme) pour garder la forme l’hiver, c’est le portrait de François d’Haene rapidement résumé. Car l’athlète a une vie après le running, où le vin et le Beaufortain tiennent une place essentielle.
Arrivé dans le trail running en 2010, François d’Haene a très vite trouvé ses marques et imposé son nom au palmarès. Les distances s’allongent, les voyages se multiplient, et en 2014, il enchaîne trois ultra trails (le Mont-Fuji, L’Ultra Tour du Mont-Blanc, la Diagonale des Fous), se permettant de les gagner pour finir en tête de l’Ultra Trail World Tour sans débat possible. François devient une star de la discipline, l’un de ces athlètes que l’on ausculte. Pourtant, il conserve une « vie normale ». Armé d’un diplôme de masseur kinésithérapeute, il cède à une envie de produire du vin, et acquiert en 2012 un domaine viticole sur les coteaux du Beaujolais. Devenant ainsi le premier viticulteur-trailer ! Sans renoncer à son activité favorite, qu’il aborde comme une passion plutôt que comme un sport :
»Le trail running est avant tout une aventure, on part à la découverte de paysages et de soi. La notion de plaisir est donc très importante. Il est aussi primordial de couper sa saison, de se vider la tête, de laisser ses jambes au repos, de profiter d’autres plaisirs. »
Et dans sa liste de plaisirs, François d’Haene a aussi inscrit, en bonne place, le Beaufortain. Un territoire versatile qu’il arpente tout au long de l’hiver, en ski alpin, ski nordique, ski de randonnée, sans oublier le running en fin d’hiver, lorsque la neige lui laisse enfin la place de poser ses chaussures. Fou des magnifiques paysages du Beaufortain, François a sans doute trouvé ici un pays d’accueil fidèle et chaleureux, où l’on apprécie l’homme autant que le sportif. Le sportif mis à rude épreuve une fois l’an, lorsqu’il se retrouve face aux meilleurs skieurs alpinistes de la planète sur la Pierra Menta. Certainement l’une des meilleures préparations pour aller taquiner le record du John Muir Trail, un itinéraire de trail hors norme (359 km et plus de 14.000 m de dénivelé positif), qu’il a couru en 2 jours et 19 heures.
Marie Bochet
Skieuse, athlète handisport ? Ne cherchez plus : championne, tout simplement ! Marie Bochet a déjà gagné tant de titres, collectionné tant de médailles, accumulé tant de Globe (les récompenses mondiales du ski) sur ses étagères, qu’elle semble avoir réduit la concurrence à de la figuration. Pourtant, la jolie Beaufortaine garde les pieds – ou plutôt les skis – bien ancrés dans sa terre natale.
Marie naît dans une famille d’agriculteurs du Beaufortain ; son papa, Yvon, dirige la Coopérative laitière et l’été, emmène toute la famille en alpage où Marie grandit « dehors, comme les poules » ! En bonne montagnarde, elle fait ses premières glissades à l’âge de la maternelle. Encouragée par ses frères et sœurs, elle fréquente les ski-clubs locaux, et court sans complexe face aux valides. Car Marie est née avec une malformation de l’avant-bras gauche. A l’âge du lycée, elle bifurque vers le circuit handisport où elle collectionne rapidement quelques succès. Les portes des Jeux Paralympiques s’ouvrent pour elle à Vancouver (2010). Deux quatrièmes places, un peu frustrantes quand on a 16 ans et des espoirs plein la tête, lui donneront l’envie farouche de revenir pour s’imposer. Lors des Paralympiades suivantes (Sotchi, Pyeongchang), elle ne se contente pas de quelques podiums, elle organise un quasi-hold up sur toutes les courses ! Et repart avec 4 médailles d’or dans les 5 disciplines courues (descente, super G, géant et slalom), butin qu’elle rafle à nouveau à Peyongchang.
Après ce succès qui aurait pu la combler et l’inciter à s’arrêter, Marie repart à l’entraînement. Une histoire de perfectionnisme qui lui colle à la peau et guide ses skis :
« J’ai gagné tout ce que je pouvais gagner dans une carrière, mais j’ai encore des choses à améliorer dans mon ski, je ne suis pas allée au bout de tout ça ».
Avec en ligne de mire les Jeux Paralympiques de Pékin en 2022, où elle espère se rendre dans un autre état d’esprit :
« Les prochains Jeux, si j’y vais, ce ne sera peut-être pas pour les résultats mais pour vivre encore plus l’événement en me disant que ce sont mes derniers. C’est encore un travail qu’il faut que je fasse sur moi. J’aurais besoin d’arriver dans un autre état d’esprit même si j’aurai une immense envie de médaille. Je sais ce que ça représente ! »
Marie se prépare donc, et ne soyez pas surpris de la croiser dans le Beaufortain, son terrain d’entraînement, où elle vit et joue au quotidien.