PATRIMOINE

Paysages du Beaufortain : un dialogue entre l’homme et la nature

"Pays au mille chalets", "petite Suisse", "vallée heureuse"... on lui a trouvé de nombreuses épithètes. Terre de labeur avant tout, le Beaufortain a attiré à lui des amoureux de montagne, des auteurs inspirés, des visiteurs d'un jour devenus des habitants de longue date qui, tous, ont cédé à la beauté des paysages. Quels sont les secrets bien gardés de ces paysages qu'on croit immuables ? Rendez-vous sur les chemins d'Arêches-Beaufort pour les découvrir.

Terre de richesses géologiques

Pour Gilles de Broucker, géologue et fondateur du Géofestival, « le massif du Beaufortain est reconnu pour la richesse de son histoire géologique, pour sa variété de paysages et pour ses cailloux qui parlent« . En attendant d’écouter les cailloux lors du prochain Géofestival, on peut dire que le Beaufortain se divise en deux grandes aires géologiques.

Dans sa partie Est, rayonnant autour d’Arêches et de Beaufort, le massif est essentiellement cristallin, à l’image de son voisin, le massif du Mont-Blanc. Il offre des paysages caractérisés par un relief vertical, des sommets élancés, des crêtes effilées. Certains lieux emblématiques témoignent de cette géologie montagnarde, à laquelle les randonneurs aiment se confronter : crête des Gitte, combe de la Neuvaz, Pierra Menta ou encore le Grand Mont, qui domine ce petit théâtre minéral de ses 2.688m d’altitude. Ca et là, des lacs naturels posent un trait de couleur émeraude au creux des montagnes : lac d’Amour, lac des Fées, lacs de la Tempête, …

A l’ouest, les roches sédimentaires révèlent un paysage d’alpages et de sommets aux formes douces. Le vaste plateau des Saisies, dominé par le Mont Bisanne (1.941m), en est la meilleure illustration. A l’aplomb du plateau, le village d’Hauteluce et ses hameaux s’étirent le long de la vallée du Dorinet, jusqu’à la brèche du col du Joly taillée dans le gypse.

Des paysages façonnés par l’activité agricole

Si le territoire d’Arêches-Beaufort apparaît au visiteur de passage comme une contrée naturellement préservée, à l’abri des excès des activités humaines, le géographe, lui, relèvera « le fruit d’un effort opiniâtre et intelligent des hommes, face à une nature somme toute peu clémente, et même rude, quoique fort belle » (Ensemble dans le Beaufortain, Curandera, 1987). Dans ce pays de longue tradition d’élevage, les habitants ont lutté pour s’approprier ces espaces montagnards et en tirer des ressources. En dépit de la pente, des hivers rigoureux et des caprices de la montagne.

L’homme s’est adapté. Il a tiré le meilleur parti de ce territoire incliné pour vivre de son activité agro-pastorale. Au fil des siècles, les troupeaux à l’inalpage ont efficacement lutté contre l’enfrichement et gardé les espaces ouverts. Mais au début des années 60, les Beaufortains sont happés par la crise de l’agriculture de montagne. Il faut moderniser, rassembler, équiper les alpages pour garantir la pérennité de l’activité laitière. La création de la Coopérative Laitière du Beaufortain (1962), puis de SICA, sociétés d’intérêt collectif agricole, chargées de soutenir l’activité, vont contribuer à sauver le pastoralisme. Grâce au financement public, les chalets d’alpage sont confortés et modernisés, des pistes et routes permettent de désenclaver les zones d’alpage les plus difficiles d’accès, les unités de traite mobile font leur apparition.

Bilan : le pastoralisme est maintenu sur ses terres ancestrales et même, gagne en vitalité. Aujourd’hui, vous croiserez des troupeaux de vaches, mais aussi de chèvres ou de moutons. La filière s’est diversifiée. Elle ajoute à la production traditionnelle du beaufort des fromages tels que la tomme de chèvre ou de brebis, le persillé, le grataron, les chèvres frais ou affinés. De quoi réjouir nos papilles, et conserver nos paysages d’alpage.

Un habitat parfaitement intégré

Il fait partie de l’imaginaire collectif de la montagne. Peut-être même en est-il l’objet le plus symbolique. A Arêches-Beaufort, les chalets occupent une place essentielle dans le paysage. Groupés dans les villages, ou dispersés sur la pente, ils témoignent du mode de vie d’autrefois, lorsque chaque famille se devait de posséder plusieurs chalets à différentes altitudes pour suivre les troupeaux à l’estive.

Construits par la main de l’homme, les chalets d’Arêches-Beaufort ont cette simplicité et cet aspect rustique qui font tout leur charme. Le volume est complètement adapté à la pente, les matériaux sont puisés à proximité, les poutres et les panneaux de bois extérieurs sont grossièrement taillés, la toiture revêt des ancelles (tuiles de bois) ou des lauzes (dalles d’ardoise). Plus on monte en altitude, plus la forme est simple et compacte, le chalet n’étant pas destiné à accueillir les habitants au-delà de l’été. Par ses formes sobres et ses matériaux naturels, il s’intègre parfaitement à son environnement et signe modestement la présence humaine au cœur du paysage.

Un milieu sculpté par l’eau

L’eau est partout dans le Beaufortain. Courant à fleur de roche, ou bien dissimulée par un cheminement souterrain, elle contribue elle aussi au dessin du paysage. Et plus encore depuis que l’homme s’est mis en tête de la domestiquer pour en exploiter l’énergie. Les torrents ont d’abord été mis à contribution, offrant leur courant aux micro-centrales installées sur les rives du Doron et du Dorinet.

Puis les grands barrages du Beaufortain ont pris la suite. La Girotte, la Gittaz, Roselend et Saint-Guérin, en stockant l’eau, ont créé de vastes lacs artificiels. Recouvrant parfois ce qui fut autrefois des plateaux d’estive, et même d’anciens hameaux (Roselend). Est-ce la magie de l’eau, le miroir apaisant de ces vastes étendues, les couleurs allant du vert profond au bleu lagon ? Toujours est-il que, 60 ans plus tard, ces lacs de retenue semblent avoir toujours fait partie du paysage. Avec le chalet, le beaufort et la Pierra Menta, on peut même affirmer qu’ils font partie de l’identité du Beaufortain.

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