Ski de randonnée : la meilleure façon de skier ?
La neige fraîchement tombée réveille votre envie de montagne et les spatules vous démangent ? Et si, pour une fois, on débordait des pistes balisées ? Si on allait jouer sur ces pentes vierges en ski de randonnée ? On a demandé à François Hivert, guide du Beaufortain, de nous éclairer sur le potentiel "freerando" du massif, mais surtout, de nous rassurer sur l'accessibilité de ce sport, trop souvent réduit au ski-alpinisme.
Si vous avez en tête ces athlètes filiformes qui courent skis aux pieds sur des pentes à l’inclinaison indécente, avant de se jeter à la descente dans un couloir, ça, c’est la Pierra Menta ! La grand-messe du ski alpinisme qui prendra ses quartiers d’hiver dans le Beaufortain du 11 au 14 mars. Une compétition hors-normes pour l’élite du ski de randonnée. Mais pour vous (ou moi), le skieur de base à l’endurance relative et à la technique tout-terrain, comment et où aborder le ski de rando ? Eléments de réponse avec François Hivert…
- Vous exercez en tant que guide de haute montagne dans le massif du Beaufortain. Quel est le potentiel de ce massif pour la pratique du ski de randonnée ?
Le Beaufortain, c’est à la fois un terrain facile avec des pentes douces, des dénivelés limités, mais aussi un terrain plus alpin avec des pentes raides, des arêtes. Tout le monde y trouve son compte. Mais il est vrai que ce relief d’alpages, ce qu’on appelle « la montagne à vaches », est très adapté aux skieurs débutants ou moyens.
- Pour un skieur qui voudrait se laisser tenter par cette expérience du ski de randonnée pour la première fois, quel niveau doit-il avoir et sur quel itinéraire se lancer ?
Le plus important techniquement en ski de randonnée – contrairement à ce que l’on pourrait penser – c’est la descente. Il faut être capable de skier en toutes neiges. Pour la montée, pas besoin d’avoir une endurance remarquable : on peut faire des petits dénivelés sur des pentes au profil modéré, et monter à son rythme sans exploser le carburateur !
Pour débuter, je conseille les Traces, des itinéraires spécifiques pour le ski de randonnée accessibles depuis le plateau du Cuvy (TS du Grand Mont). Il y a une Trace Bleue (2 km, 300 m D+) et une Trace Rouge (2,5 km, 320 m D+). L’avantage : la descente se fait sur une piste damée du domaine alpin et le matériel de sécurité n’est pas obligatoire.
- Et quelles sorties proposez-vous aux skieurs initiés ?
Pour un skieur qui veut progresser et tenter des dénivelés plus importants : l’itinéraire de la Côte 2000, qui prend son départ du hameau de L’Adray au-dessus du Planay. Il est balisé, grimpe dans des combes dégagées jusqu’au pied de la Légette du Mirantin. Attention : il faut être capable de descendre en neige non damée et s’équiper d’un kit de sécurité (en location dans les magasins de sports).
Pour les skieurs bien rodés, le choix est immense. Parmi les sommets mythiques, on peut citer le Grand Mont qui offre la récompense d’une vue à 360° sur les Alpes, ou la Légette du Mirantin, qui impose un profil beaucoup plus technique avec une pente à 30-35° et une montée en conversion sur 300 mètres de dénivelé.
- Quelles sont les autres spécialités hors-piste que l’on peut découvrir dans le Beaufortain ?
Je propose aussi des sorties ou des stages axés ski de couloir. Du fait de son altitude plus modérée, on n’imagine pas le potentiel très « alpin » du Beaufortain, et pourtant les possibilités sont nombreuses. La dimension symbolique est peut-être moins forte que celle que l’on trouve dans le massif du Mont-Blanc, mais les ambiances sont incroyables.
Plus accessibles, j’organise des sessions freeride dans les forêts du domaine d’Arêches, où l’on va chercher cette neige froide et légère qui fait la réputation du Beaufortain. En fin de saison, je propose des raids à ski itinérants.
- Vous êtes très attaché à la sécurité et vous proposez des formations « neige et avalanche ». Est-ce ouvert à tous et quels sont les objectifs de cette formation ?
Ces formations sont conçues d’abord pour le grand public. L’objectif, c’est la prévention. Même les skieurs les plus expérimentés ont besoin de comprendre le mécanisme des avalanches, d’intégrer tous les paramètres pour améliorer leur analyse du terrain et, en cas d’avalanche, être le plus efficace possible dans la mise en oeuvre des opérations de secours. Ces formations sont programmées en général en début de saison.
- Vos derniers arguments pour nous convertir aux peaux de phoque ?
Le ski de randonnée, c’est la meilleure façon de s’immerger dans une montagne sauvage et authentique. C’est vivre un « back to the wild » sans s’exiler à l’autre bout du monde !
Merci à François Hivert, beaufortain-guide.fr, tel. 06 33 76 30 89